Autobiographie non autorisée.
Tous ceux qui, comme moi, ont bénéficié, dans leurs plus jeunes années, des infinis bienfaits d'une éducation marxiste (orthodoxe, de préférence) me comprendront ; si je devais qualifier d'un mot la période qui a immédiatement suivi le départ de ma sœur Christine de la maison, sans hésiter je choisirais ceux-là : pas glop.
J'étais Pif qu'aucun Hercule n'embêtait plus, Placid abandonné par Muzo, Rahan sans son couteau ; de quelque bout que je saisisse la chose, ma vie était devenue aussi monotone qu'une cigarette sans goudron et le ciel pouvait bien s'éclaircir et les nuages filer doux, les mouettes jacasser dans les dunes et Franck rentrer plus tôt du boulot, elle avait perdu cette saveur qui l'emplissait depuis deux ans. Je sais bien que je n'avais encore rien vu, que ce creux se creuserait tant et encore qu'à côté, cette période m'apparaîtrait aujourd'hui comme heureuse, mais aussi incroyable qu'il paraisse, c'est de mon travail qu'alors je retirais le plus de joies.
J'étais Pif qu'aucun Hercule n'embêtait plus, Placid abandonné par Muzo, Rahan sans son couteau ; de quelque bout que je saisisse la chose, ma vie était devenue aussi monotone qu'une cigarette sans goudron et le ciel pouvait bien s'éclaircir et les nuages filer doux, les mouettes jacasser dans les dunes et Franck rentrer plus tôt du boulot, elle avait perdu cette saveur qui l'emplissait depuis deux ans. Je sais bien que je n'avais encore rien vu, que ce creux se creuserait tant et encore qu'à côté, cette période m'apparaîtrait aujourd'hui comme heureuse, mais aussi incroyable qu'il paraisse, c'est de mon travail qu'alors je retirais le plus de joies.
Plus exactement, se nouait là-bas, dans cette agence du centre où j'œuvrais avec d'autres à l'accueil de la clientèle, une conjonction de qualités humaines et valeurs collectives… que, je dois l'avouer, je n'avais jamais cotoyée d'aussi près. J'étais naïve, sans doute, je manquais d'expérience, sans doute aussi, mais il semblait bien que toutes les volontés étaient tendues peu ou prou vers un même but, un même objectif : le service aux usagers. Et quand bien même il n'empêchait ni les jalousies de transparaître, ni les chamailleries d'éclater (les perfidies viendraient plus tard), toutes ces pécadilles stoppaient net quand cet objectif était menacé.
Evidemment, là aussi le pire restait à venir, mais là où j'étais une sorte d'aveuglement nous en tenait curieusement éloignés. Franck avait beau, régulièrement, m'informer des sombres mutations qui se profilaient, et Thierry, désormais aussi chauve qu'un œuf, hors cette queue de cheval lui balayant les épaules, débouler tout aussi régulièrement à l'agence et distribuer ses tracts – camions bleus faisant hurler leurs freins dans la cour, galopades dans les couloirs sous les cornes de brume et les fumigènes, assemblées générales réunies dans le hall –, rien n'y faisait.
Dans le travail lui-même, les consignes avaient changé du tout au tout (plus question de rendre service sans chercher ensuite à en vendre un autre), et pourtant nous voguions sur notre petit nuage, portés par l'euphorie de la dernière grève et notre défilé dans la capitale, le sourire aux lèvres, sans nous rendre compte une seule seconde que cette débauche d'énergie ne constituait rien d'autre qu'une magnifique victoire à la Pyrrhus.
Certes, dans les bureaux, les pots entre collègues, pour célébrer le dernier-né de Joëlle, la mutation de Jacky ou le départ en retraite de Gérard, ou les pots comme ça, pour le plaisir, avaient tendance à s'espacer. Certes aussi, les rumeurs sur la réorganisation de tel service, la filialisation de tel autre, la sous-traitance d'un dernier, plombaient singulièrement l'ambiance, sans compter que lorsque nous nous retrouvions sur le marché pour je ne sais quelle action, les lazzis nous traitant de privilégiés se faisaient plus fréquents. Mais faut croire qu'en sus d'être aveugles, nous étions sourds…
Evidemment, là aussi le pire restait à venir, mais là où j'étais une sorte d'aveuglement nous en tenait curieusement éloignés. Franck avait beau, régulièrement, m'informer des sombres mutations qui se profilaient, et Thierry, désormais aussi chauve qu'un œuf, hors cette queue de cheval lui balayant les épaules, débouler tout aussi régulièrement à l'agence et distribuer ses tracts – camions bleus faisant hurler leurs freins dans la cour, galopades dans les couloirs sous les cornes de brume et les fumigènes, assemblées générales réunies dans le hall –, rien n'y faisait.
Dans le travail lui-même, les consignes avaient changé du tout au tout (plus question de rendre service sans chercher ensuite à en vendre un autre), et pourtant nous voguions sur notre petit nuage, portés par l'euphorie de la dernière grève et notre défilé dans la capitale, le sourire aux lèvres, sans nous rendre compte une seule seconde que cette débauche d'énergie ne constituait rien d'autre qu'une magnifique victoire à la Pyrrhus.
Certes, dans les bureaux, les pots entre collègues, pour célébrer le dernier-né de Joëlle, la mutation de Jacky ou le départ en retraite de Gérard, ou les pots comme ça, pour le plaisir, avaient tendance à s'espacer. Certes aussi, les rumeurs sur la réorganisation de tel service, la filialisation de tel autre, la sous-traitance d'un dernier, plombaient singulièrement l'ambiance, sans compter que lorsque nous nous retrouvions sur le marché pour je ne sais quelle action, les lazzis nous traitant de privilégiés se faisaient plus fréquents. Mais faut croire qu'en sus d'être aveugles, nous étions sourds…
N'empêche. Tous les matins, je me rendais au travail le cœur léger, Louloute assez grande désormais pour se lever et aller toute seule à l'école, parfois Franck me déposait sur son trajet et malgré qu'il soit loin d'être l'heure, j'ouvrais la porte derrière laquelle vous patientiez sous la pluie et vous priais d'entrer. Alors, vous posiez un pas mal assuré dans le vestibule et tandis que s'estompaient les bruits de la ville, vous vous asseyiez devant moi.
Vous portiez des manteaux de fourrure que je ne pourrai jamais m'offrir, à vos mains l'éclat de vos bijoux – derniers vestiges gagés de votre lustre d'antan – éclaboussait le hall comme un coup de soleil et vous imploriez un délai pour les 200 francs qu'il manquait sur votre facture (on vous l'accordait) ; vous étiez ce jeune rmiste qui n'en pouvait plus de mourir de faim, le jean couvert de tâches et les ongles noirs vous réclamiez de l'aide et des renseignements (on vous les donnait, et vous repartiez en prime avec le téléphone de l'Union départementale) ; vous étiez cette mère célibataire un poupon endormi dans les bras, ou bien ce père de famille sortant de l'hôpital, ou encore ce travailleur immigré exhibant les photos prises au bled ; vous étiez tout ça à la fois.
Vous étiez vous : un petit morceau d'humanité, celle des galères et des coups du sort, des petits boulots et des grosses factures, un morceau représentatif de la misère du monde, du moins celle qui règne sous nos latitudes. Parfois, vous éleviez la voix, rarement si je me souviens, plus souvent vous aviez des sanglots dedans ; en face de vous, moi je prenais mon temps, non pour vous répondre mais d'abord pour vous écouter, j'avais tout mon temps pour ça, c'était ça mon travail, c'était ça le service au public.
Inutile de dire que je sortais de là complètement lessivée (mais il y avait aussi quelques fous-rires, et d'autres bons moments dans nos journées, heureusement), et que je n'avais pas encore de petit chef penché sur mon épaule pour que je respecte la cadence qu'il avait décidée dans son bureau. Alors, à la sortie, vos problèmes étaient toujours là mais au moins aviez-vous retrouvé un peu de dignité, vos coups de fil quand la situation s'améliorait me faisaient chaud au cœur, drôlement chaud même s'ils étaient plutôt rares.
Vous portiez des manteaux de fourrure que je ne pourrai jamais m'offrir, à vos mains l'éclat de vos bijoux – derniers vestiges gagés de votre lustre d'antan – éclaboussait le hall comme un coup de soleil et vous imploriez un délai pour les 200 francs qu'il manquait sur votre facture (on vous l'accordait) ; vous étiez ce jeune rmiste qui n'en pouvait plus de mourir de faim, le jean couvert de tâches et les ongles noirs vous réclamiez de l'aide et des renseignements (on vous les donnait, et vous repartiez en prime avec le téléphone de l'Union départementale) ; vous étiez cette mère célibataire un poupon endormi dans les bras, ou bien ce père de famille sortant de l'hôpital, ou encore ce travailleur immigré exhibant les photos prises au bled ; vous étiez tout ça à la fois.
Vous étiez vous : un petit morceau d'humanité, celle des galères et des coups du sort, des petits boulots et des grosses factures, un morceau représentatif de la misère du monde, du moins celle qui règne sous nos latitudes. Parfois, vous éleviez la voix, rarement si je me souviens, plus souvent vous aviez des sanglots dedans ; en face de vous, moi je prenais mon temps, non pour vous répondre mais d'abord pour vous écouter, j'avais tout mon temps pour ça, c'était ça mon travail, c'était ça le service au public.
Inutile de dire que je sortais de là complètement lessivée (mais il y avait aussi quelques fous-rires, et d'autres bons moments dans nos journées, heureusement), et que je n'avais pas encore de petit chef penché sur mon épaule pour que je respecte la cadence qu'il avait décidée dans son bureau. Alors, à la sortie, vos problèmes étaient toujours là mais au moins aviez-vous retrouvé un peu de dignité, vos coups de fil quand la situation s'améliorait me faisaient chaud au cœur, drôlement chaud même s'ils étaient plutôt rares.
Oui, j'étais ça : mi-assistante sociale, mi-grande sœur… et mi-agent d'accueil. Toutefois, le matin peu après huit heures, avant que ne débute le grand déferlement, je me réfugiais dans le cagibi derrière le bureau et je m'accordais une petite pause.
– Salut ! C'est maman. Dis, tu t'es réveillée à l'heure, ce matin ?
– Ben oui ! Le réveil a sonné, alors je l'ai entendu !
– Oh dis donc, tu t'es levée du pied gauche, on dirait ! Et là, tu… Tu prends ton petit déjeuner, là ?
– Oui, mais y-avait plus de céréales, dans le placard !
– Oh zut c'est vrai, j'ai oublié d'en racheter. Excuse-moi, Louloute. Ecoute, je t'en ramènerai, ce soir, pour demain. Qu'est-ce que t'as fait, tu t'es fait chauffer du lait avec du cacao ? Baisse un peu le son de la télé, s'il te plaît.
– Oui, rrhooooo…
– Et t'oublieras pas de prendre ta douche, hein ? Allez, je te laisse, chérie. Bonne journée !
Oui, en général c'est comme ça que ça se passait, à cette période (sauf que je n'oubliais pas tout le temps d'acheter les céréales, bien sûr) ; et puis, un beau matin blafard et morne, Louloute a refusé de décrocher, et les matins qui ont suivi aussi.
(photos Nobuyoshi Araki)...
– Salut ! C'est maman. Dis, tu t'es réveillée à l'heure, ce matin ?
– Ben oui ! Le réveil a sonné, alors je l'ai entendu !
– Oh dis donc, tu t'es levée du pied gauche, on dirait ! Et là, tu… Tu prends ton petit déjeuner, là ?
– Oui, mais y-avait plus de céréales, dans le placard !
– Oh zut c'est vrai, j'ai oublié d'en racheter. Excuse-moi, Louloute. Ecoute, je t'en ramènerai, ce soir, pour demain. Qu'est-ce que t'as fait, tu t'es fait chauffer du lait avec du cacao ? Baisse un peu le son de la télé, s'il te plaît.
– Oui, rrhooooo…
– Et t'oublieras pas de prendre ta douche, hein ? Allez, je te laisse, chérie. Bonne journée !
Oui, en général c'est comme ça que ça se passait, à cette période (sauf que je n'oubliais pas tout le temps d'acheter les céréales, bien sûr) ; et puis, un beau matin blafard et morne, Louloute a refusé de décrocher, et les matins qui ont suivi aussi.
(photos Nobuyoshi Araki)...
26 PETIT(S) COMPRIMÉ(S):
Je reste sans voix... J'attendais avec impatience le petit dernier. Mais... comment dire... Je me sens tout "con" maintenant. Pourquoi ?... Bravo en tout cas, toujours beaucoup d'émotions par ici...
A quoi tient notre vie, si ce n'est à ces fils du quotidien, tissés serrés... quand l'un rompt, on ne sent rien, mais deux, trois, dix, quinze et peu à peu la toile se défait.
Nous avons eu la chance d'avoir des parents communistes et la malchance de voir sombrer tout ce qu'ils nous ont transmis.
J'ai envie de t'appeler "soeur"....
Comme un miroir ce texte.
Beau.
Touchant.
C'est malin, Anitta, j'ai peur pour la suite.....
Je me sens tout... ou plutôt tout chose... cette fin si triste et pleine d'interrogation...
Début de la pèriode rebelle de Louloute ?
Des bisous, et tu t'fais de + en + rare ces temps-ci ! :-)
Attente récompensée, le puzzle semble se mettre en place
Je pensais à toi ce week-end en lisant "Le travail intenable" coordonné par Laurence Théry. J'en parlerais plus longuement dès que je l'aurais fini mais vraiment, c'est... soufflant.
Ah les journées comme ça, on ne souffle qu'à la fin, quand on voudrait profiter enfin un peu, pour soi, et que la fatigue essaie de nous rattraper au vol...
Je t'embrasse tant je suis contente de te lire, en tout cas.
Tu as le cœur tendre Anitta …
Je préfère en sourire à présent de cette ‘’époque’’ . J’étais dix ans plus ancien et me battais contre des moulins à vent , pensant qu’ en augmentant les cadences , nous arriverions à préserver nos services …
Un peu fou , mais au cœur tendre avec ma dernière patronne réformatrice , pour que disparaisse le service public .
Je ne veux retenir que les invitations aux soirées dansantes de ces dames d’accueils … J’étais dans l’ obligation par la suite de récupérer leurs ‘’clients’’ agressifs ou laisser squatter cette jeune femme , son nourrisson et le chauffe biberon dans mon bureau .
Tu me remets en mémoire aussi , que j’ avais ouvert l’accueil surchauffé une heure avant l’heure , aux personnes qui attendaient sur le trottoir par moins 5 ° et, de l’engueulade qui s’en suivit ( de quoi me mêlais - je ? ) .
Je faisais du vélo en fin de semaine , pour calmer mes nerfs … Et ma fille aujourd’hui me reproche de ne pas avoir été à son écoute …
Raconte nous Anitta …
Je t’embrasse .
Pardon , rectificatif :
20 ans plus ancien !
C'est parce que je fais 10 ans plus jeune .
Les enfants sont ingrats, souvent...j'espère qu'aujourd'hui Louloute, si elle ne répond plus au téléphone , a toujours un sourir pour toi... and life goes on...hélas.
autobiographie douce-amère où la douceur parait avoir définitivement triomphé de l'amertume, malgré les prémices d'une suite plus sombre.
je ne bouge plus de là, j'attends la suite...
Comme d'habitude, te lire est un moment au bord des larmes et sur le fil du rire, tout est entrelacé, indémêlable, et en un mot, si ça avait duré comme ça 50 pages, ou 100, je ne me serais pas arrêtée avant d'être en bas. La fin est assez tragique malgré tout... donc je suis rassurée de comprendre au fil des commentaires que c'était "juste" une rebellion de Louloute. On s'inquiète, qu'est-ce que tu veux ! On s'inquiète et on s'attache à tous ces gens qui peuplent tes récits, et au fond peu importe s'ils sont toi, ou ceux qui t'entourent. Voilà ce que je ne parviens jamais à exprimer, ce qui te différencie de quelqu'un qui ne fait QUE raconter sa vie, avec un seul prisme, celui de son nombril. Tous ceux dont tu parles sont si chargés d'humanité et d'épaisseur qu'ils sont devenus des personnages. Ils pourraient ne pas exister dans la vraie vie, ils existeraient quand même. On souffrirait avec la narratrice, on rirait avec elle, on se ferait du mourron pour Christine et pour Louloute... de la même façon. Suis-je claire ? C'est ça qui fait un écrivain, ou je ne m'y connais pas. Bises...
bouh.. contente de te relire - au début terrain connu (et puis, non, mes "clients" étaient des gens qui croyaient avoir les moyens de se loger et je représentais des propriétaires peu fortunés), pensé à ma nièce qui rentre crevée de ce même travail - bon j'étais bien - terrain connu, bien rendu, juste dur comme il faut - et puis il y a ta fin et je m'inquiète (pas trop longtemps ?)
Tu n'as pas perdu la main Ma Chère, au contraire. Mais s'il reste 2500 billets à écrire, à raison d'un billet toutes les trois semaines, dans 144 ans nous y serons encore. A moins d'augmenter le productivisme du kolkhoze...
Je dois avouer Anitta, qu'avec cette fin de récit on pouvait s'attendre au pire...Alors soit sympa !!! Pas d'émotions comme ça.
Concernant cette administration très "au courant des choses" je comprends ce qu'endurent les employés au contact du public, mi-fonctionnaire, mi-assitante sociale.
Ce qui est affligeant, c'est que ça ne devrait pas être votre rôle.
Comme tout bon Français "râleur" je conteste parfois le rôle de mes interlocuteurs dans certaines administrations, mais je reconnais aussi la valeur de certains autres.
J'insiste et m'applique systématiquement à remercier quelqu'un qui répond à ma demande, comme j'envoie aux pelotes celui qui m'explique comment "m'en passer".
Cette mutation voulue actuellement ne répondra pas à de bons services. La majorité de nos administrations doit rester "services publics"
Par contre, je ne comprends pas, à ce jour, le mode de gestion des hommes et femmes de ces organismes.
Je pense que la grande majorité des employés sont nettement SOUS-payés. Par contre et c'est peut-être l'argument des gouvernants, je ne comprends plus la ténacité des représentants sur des avantages soi-disant acquis qui n'ont plus de raison d'être...A moins d'éclairer ma lanterne !
Un simple exemple : Les cheminots "roulants" perçoivent toujours une prime d'escarbille !
Amitiés et merci de ton retour
Tu ne nous fais pas languir trop longtemps pour la suite, hein ?
Tu n'as vraiment rien compris ou tu blagues ? Non parce que dans le premier cas, je réexplique... dans le second cas, je continuerai mes compliments mérités que tu continueras à trouver immérités, c'est tout à ton honneur, ça te permet de rester simple tout en écrivant avec ce talent-là. Voilà ! Bises...
Je n'ai pas connu les bienfaits de l'éducation marxiste, remplacés pas toujours heureusement par un Catholicisme plus bon genre que bon chic car les moyens n'y étaient pas. Et de toute façon, je fuyais les cours de cathé' en me faufilant sous la table et en prenant la poudre d'escampette, tel un bolchevique avec une tartine de Nutella entre les dents.
Heureusement il n'y avait pas de sectarisme parental, et je n'ai pas eu à regretter d'avoir des parents communistes puisque des amis de mes parents et leurs enfants du même âge que le mien les remplaçait parfois.
Alors pendant que les parents causaient politique dans le salon, nous les enfants on jouait avec des couteaux de Rahan en plastique et on préparait des manifs pour empêcher la réalisation de la trouée Rouen-Barentin qui allait faire une grande saignée à 4 voies dans notre forêt adorée.
Ca n'a pas suffit, mais la preuve était faite qu'une conscience politique peut parfois commencer avec Pif Gadget.
Alors merci de réveiller ces souvenirs au passage. Il ne faut pas oublier d'ou on vient.
Moi aussi je me sent toute chose, cette note est si triste, si mélancolique! Le temps qui s'est perdu, tout ce qu'on ne retrouvera plus... Je suis biena ise tout de même de te retrouver. A bientôt j'espère.
Il ne s'agit pas de naïveté mais de naturel.
Le contact ne s'invente pas. j'ai quelques souvenirs en tant que caissier chez Truffaut, je crois que je me marrais bien avec les clients.
Pas de doute en ce qui te concerne.
On se serait bien amuser à deux caisses d'écart.
Si peu le temps de venir savourer tes mots en ce moment, Anitta. Et je lis ce soir le billet précédent (commentaires fermés, je viens ici...) et je réalise à quel point ça me manque !
A chaque fois que j'ai fini de lire l'un des chapitres de ta saga, c'est comme quand je referme un roman qui m'a captivé, il me faut du temps avant de revenir sur terre. Ecrire un commentaire ? Je le voudrais mais je suis trop ému pour le faire.
Plus tard, je reviens, "il faut que je laisse un mot à Anitta !" me dis-je. Je relis au passage quelques bribes, remonte, relis tout... L'émotion me submerge encore, gros poids sur la poitrine. Comment est-ce possible ? Je lis les commentaires, je vois que je ne suis pas le seul à être admiratif, ça me rassure un peu sur l'état dans lequel la lecture me met. Certains ont écrit ce que j'aurais pu écrire (Gaëlle par exemple) et je suis là avec mes doigts sur le clavier mais qui ne sait pas où les diriger.
Cristophe a, je pense, bien exprimé ce que nous ressentons en te lisant. Un style très personnel, un travail caché sous une allure désinvolte. Il est parfois difficile d'ajouter un mot à ce que tu as écrit et nous oscillons constamment entre louanges répétitives et simple salut amical.
Je n'espère qu'une seule chose, que cette année voit ses limites s'élargir infiniment.
Moi aussi je me sens Placid sans Muzo, et avec mon "éducation" croisée communiste et catholique, c'est parfois perturbant.
Ce billet m'a émue. Et vrillé le ventre. Je tiens pourtant à exprimer toute mon affection au occupants des voitures bleues qui ont toujurs étaient sympas avec nous, il y a bien quarante ans maintenant, et cela devait bien être les seuls à nous donner une chance... Et la lumière fut.
Merci Anitta.
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