7.8.05

Froufrous & vieilles dentelles.

Aujourd’hui ma sœur bosse dans l’informatique ; en quelque sorte, la Toile est devenu son nin-nin.

Bon, elle n'œuvre pas dans la programmation, le C++ ou le Java ; elle gère des projets de réinsertion, nuance (entre nous, elle est encore plus quiche que moi en matière d'html. Et, comme 98% des gens normaux, je veux dire : sains et équilibrés, elle n'a pas de blog, et pas la plus petite envie d'en ouvrir un)

Figurez-vous qu’à Amsterdam, certaines associations réinsèrent les anciens toxicomanes en leur faisant créer des sites internet. Ne me demandez pas pourquoi : le vertige de la Toile pour remplacer la poudre aux étoiles ? Pour faire place nette, place au Net ?

Je n’irai pas jusqu’à insinuer que tous les gens qui travaillent sur internet sont d’anciens drogués, mais le fait est là : ils obtiennent paraît-il d’excellents résultats.

Vous ne la reconnaîtriez pas, aujourd'hui, tant elle a changé. Ah ça, il est loin le temps où elle faisait sa folle à la moindre occasion, au point que parfois, les gens qui nous entouraient se demandaient qui d'entre ma Louloute et elle était la plus mûre !

Bien sûr, elle a conservé ce caractère aimable et accueillant – qui fait que la pire des choses qui puisse se produire quand vous êtes en sa compagnie, c'est quand elle se met à avoir quelqu’un dans le nez. Parce qu'alors, vous pouvez être sûr que même si elle va devoir attendre trois mois ou un an pour ça, le gars ou la fille en question va passer un très très mauvais quart d’heure.

Moi qui vous parle, je l’ai vue à l’œuvre plus d’une fois ; autant un soir elle va être bien disposée et vous animer le repas comme pas deux, brillante, vive, intelligente, à sortir dix vannes par minute et secouer l’assemblée de son rire caractéristique (un gloussement semblable à celui d'une autruche paradant dans une basse-cour, mais descendant très vite dans des reniflements semblables à ceux d'un goret cocaïnomane), autant elle est capable de vous pourrir une soirée en moins de deux.

C'est une question d'alchimie. Des fois ça passe, d'autres non.

Avec Franck, ça a fini par passer. Bon, mettez quelques broutilles de côté, ok, plus une chaude alerte, toujours ok. Avec d'autres, ça s'est révélé plus délicat. Tiens, mon cousin, par exemple.


Comme j'ai déjà dit plus bas, j’ai sur une branche de mon arbre généalogique un cousin made in England. Appelons-le Paul, John, George ou Ringo… Peu importe. Il est anglais, donc, et ce qui ne gâte rien, charmant comme tout. Serviable, sympa : rien à dire. Le cœur sur la main. Un très gentil garçon, vraiment.

Il se trouve seulement qu’il est du genre plutôt mou. Entre nous, on s’est toujours demandé comment un garçon aussi mou pouvait faire partie de la famille ; mais bon, que voulez-vous ? Avec toutes ces farines animales…

Il y a longtemps, Béa l’avait surnommé Mister Mouais. Le surnom est resté, et pour cause.
– Bonjour, ça va Paul ?
– Mouais.
– Et la famille ?
– Mouais.
– Le boulot, tout ça ?
– Mouais.
– Euh…
– Mouais.
– Ah non, là j'ai rien demandé…
– Mouais.
– Et… Camilla, alors ?
– Mouais.
– Et le Liverpool Football Club ?
– Oh alowr toa, tou n’imadjine pas ce qu’ils ont fait. La delnièw fois que je souis été là-bas…
– Oui Paul, excuse-moi mais…
– Et en plouss, depouis que leuw entwaineuw…

Oui, ça va, ça va.

Mauvais exemple.

Enfin voilà – il est un peu mollasson du bulbe, le cousin. On le sait tous, et on fait avec : c’est de notoriété familiale, disons. On en rit, surtout. C’est pas bien méchant. Bref.

Un jour – Christine habitait chez nous depuis à peu près un an – la nouvelle tombe : mon cousin John se marie. Et devinez avec qui ?

Avec une vraie Miss Mouais, gagné.

Je sais bien que je suis cruelle. Je sais bien que je ne devrais pas dire des choses pareilles. Seulement, moi je n’ai pas piqué un fou-rire de ouf à l’apéro et sorti des horreurs (en anglais s'il vous plaît) pendant le repas. Moi je n’ai pas fait des jeux d’eau qui ont mal tourné avec Louloute et les gamins des invités. Moi je n’ai pas honteusement vidé et vidé encore des coupes de champagne alors que j’avais déjà largement mon compte. Et moi je n'ai pas réussi l'exploit de me fâcher avec la noce en seulement quelques heures : je ne sème pas le scandale partout sur ma route, moi.

La fille avec les cheveux bleus qui me ressemble, si.

Evidemment, maintenant j'ai l'air maligne de vous dire ça : entre la femme de George et ma sœur, ça ne pouvait pas coller. Issue d'une famille de militaires entretenant avec faste la nostalgie d'un passé colonial, Commonwealth, froufrous et vieilles dentelles, robe de chambre molletonnée et bigoudis sur la tête, Miss Mouais était trop précieuse, trop apprêtée, trop… Trop british, you see ?

Et – je me répète, mais c'est pour être bien comprise – quand ma sœur se met à avoir quelqu’un dans le nez, on peut être sûr que ce quelqu’un passera un jour ou l’autre un mauvais quart d’heure ; en l’occurrence, marquée par quelques épisodes hauts en couleur et discussions étouffées dans l'œuf tant elles menaçaient de virer à l'empoignade, cette guerre picrocholine et dérisoire dure depuis bientôt neuf ans.

C’était fatal : à compter du jour où elle a épousé mon cousin Ringo, la tranquillité ouateuse dans laquelle vivait Miss Mouais n’en avait plus pour très longtemps.

Les festivités du mariage devaient s'étaler sur trois jours pleins, du samedi au lundi, avec visite du patrimoine des familles et tout le tralala : dès le dimanche soir, la famille Brisefer a repris le train.

Je n'ai pas desserré les dents de tout le voyage. Car, pour tout dire, ce n'est pas cette fois que Franck a voulu étrangler ma sœur – sur ce coup-là, c'est moi, et seulement moi.

Grrr.

All apologize, Brian.




(photos X)

10 PETIT(S) COMPRIMÉ(S):

Anonymous Anonyme a écrit...

"Cette fille-là mon vieux, elle est ... terrible!". Est-ce que Johnny connait Christine ?

7/8/05 11:45 AM  
Blogger Ally a écrit...

Moi j'l'aime déjà bien ta sister. :D

(encore super choix de music pour tes humeurs du moment !)

7/8/05 1:42 PM  
Anonymous Anonyme a écrit...

C'est incroyable, le temps que je peux passer ici à lire et relire :-)

Mais je me demande combien de temps cela te prend à écrire et imaginer?;-)

7/8/05 3:54 PM  
Blogger Ally a écrit...

Eh moi aussi je connais les nin-nin ! Nous aussi on disait ça quand on était petite ! Pas mon doudou mais mon nin-nin. :D

7/8/05 7:26 PM  
Anonymous Anonyme a écrit...

on choisi ses amis,mais rarement sa famille
je compatis
Laurent

8/8/05 3:01 AM  
Anonymous Anonyme a écrit...

En même temps, quand on est un peu extérieur à tout ça, c'est assez drôle la fille aux cheveux bleus qui sème la zizanie au mariage du cousin John-Paul-Ringo-George !!

8/8/05 9:38 AM  
Blogger Vaomiera a écrit...

Ils (va savoir qui) ont invente une tres belle expression pour resumer cela:
"L'ENTENTE CORDIALE"...

8/8/05 2:19 PM  
Anonymous Anonyme a écrit...

Evidement, de par chez Isadora ou chez Bobi, il fallait que je tombe ici...


Elle est epatante ta soeur...Elle me rappelle quelqu'un dirait mon frere...

Sorry Brian!

8/8/05 7:45 PM  
Anonymous Anonyme a écrit...

En fait, je crois que vous êtes dangereuses.
Je vous vois bien des thrillers psychologiques. Brr, j'en ai froid dans la colonne.

Euh, j'aurai peut-être pas du le dire, mon blog va être plastiqué...

12/8/05 11:45 AM  
Anonymous Anonyme a écrit...

Comment, Anitta était paumée dans notre arbre généalogique ? :-)
cela dit, ça me rappelle un mariage, celui demon cousin R. Aude doit s'en souvenir aussi. Mais les raisons n'étaient pas les mêmes :-)))

31/8/05 2:09 PM  

<< Home