3.8.05

Explicite.

Tu seras là, debout devant la porte, les yeux fixés sur cette femme allongée sur le lit qui feint un sommeil apaisé. Silencieusement, tu te glisseras jusqu'à elle ; et soulevant le drap, tu effleureras de la main, une première fois, cette peau dont les tons mordorés luisent légèrement dans la pénombre des stores inclinés – cette peau qui éveille en toi des pulsions ancestrales, envie de mordre et désir d'abandon mêlés.

Adossé à l'immobile, tu guetteras les signes annonciateurs de la tempête à venir et, ne devinant rien de son trouble, tu saisiras ta chance ; dévoilant avec précaution une hanche et une épaule qui seront camps de base pour tes mains d'explorateur. Là, en maître implacable d'une sourde et langoureuse attente, tu parcoureras de ton regard de conquérant, à l'affût de la moindre faiblesse, l'intime géographie qui s'offrira devant toi.

Avec pour seule arme une bouche d'où s'écoule un souffle chaud et humide, tu t'embarqueras alors dans de folles traversées, tantôt promenades alanguies tantôt chevauchées impétueuses, élaborant mille stratagèmes pour gravir ou contourner les hauteurs et les fossés dressés sur ta route. Un temps infini s'écoulera, au terme duquel, en guise de ralliement, tu percevras sous tes lèvres les battements d'un cœur qui s'accélére, une artère qui frémit, une jambe ou un doigt se mettant à trembler ; vainqueur magnanime, il sera temps pour toi de faire basculer ta proie sur le côté.

Redevenues libres, tes mains graviront le sommet des collines et les encercleront aussitôt, érigeant en leur pointe une éminence fragile que tu t'empresseras de mordiller ; sans cesser de les pétrir et les chérir, tu lanceras une langue nerveuse comme le serpent à la découverte de chaque contour de ce terrain qui est désormais sans restriction le tien, le dessinant et l'apprivoisant de tes lèvres comme pour mieux en évaluer le prix.

De l'extrémité de ses cheveux jusqu'à celle de ses ongles le vertige te saisit des multiples chemins qui s'ouvrent à ton appétit vorace ; mais reprenant tes esprits tu poursuivras sans fléchir un itinéraire du plaisir dont il t'appartient de dresser la carte. Et, parvenu dans les replis profonds du plus chaleureux des trésors, du secret le mieux gardé de la Création, c'est en esthète de ce rythme docile et indolent, qui la rend folle, que tes caresses subtiles, insistantes et fécondes transformeront le plomb en or.

Impudiques, ton nez s'emplira d'un parfum jalousement préservé, tes mains s'acharneront de douceur sur la rondeur d'une cuisse et ta bouche cueillera le bouton d'une fleur mystérieuse ; tes lèvres gorgées de sel et de vie aspireront en elles l'intensité fébrile qui en éclôra bientôt sous les gémissements et les frissons, tandis que d'une langue ardente tu tourmenteras sans retenue un réceptacle attendri maintenant prêt à toutes tes envies.

Il sera temps d'user sans réserve des arguments les plus doux, de baiser respectueusement le triangle satiné qui donne naissance à son cou, de lécher délicatement l'envers de son épaule, le dessous de sa nuque, d'enfouir une main animale dans ses cheveux défaits, de murmurer suavement le discours de l'amour dans son oreille ourlée, puis, d'un geste sûr, de mêler étroitement vos respirations haletantes.

Et c'est dans les ondées sauvages qui cabreront une âme acceptant désormais pleinement son sort, prisonnière docile et consentante qui oscille et manque de chavirer sous les coups de butoir de la fièvre s'emparant de vos deux corps, que tu savoureras ta plus belle victoire, quand ses yeux grands ouverts te supplieront de poursuivre et d'achever ton œuvre diabolique… Viens !




(photos X)

13 PETIT(S) COMPRIMÉ(S):

Anonymous Anonyme a écrit...

il fait un peu chaud là tout d'un coup

humm

bon , je vais boire un p'tit café

sourire

trés beau texte , bravo mme anitta ;o)

3/8/05 2:18 PM  
Anonymous Anonyme a écrit...

Hum... vais relire ce texte à tête reposée... (enfin façon de parler).

3/8/05 4:39 PM  
Anonymous Anonyme a écrit...

Bel exercice, bravo.Ce que je préfère c'est "la main animale dans les cheveux défaits", même Catherine Millet n'oserait pas !
C'est chaud, chaud, dans le Nord on dirait !

3/8/05 4:42 PM  
Anonymous Anonyme a écrit...

Superbement sensuelle et magnifiquement bien ecrite, cette note, Anitta.

Bravo!


p.s. merci bcp pour la dedicace!

3/8/05 9:41 PM  
Anonymous Anonyme a écrit...

L'Amour est cerise!
Jean Ferrat.
Laurent

4/8/05 4:20 AM  
Anonymous Anonyme a écrit...

pfouh! j'me suis liquéfiée sur place ...

4/8/05 10:50 AM  
Blogger Maurice a écrit...

Allons, allons, un peu de tenue s'il vous plaît ! Ca commence à être tendu...

4/8/05 2:59 PM  
Anonymous Anonyme a écrit...

Beau texte, puis-je m'en servir poure le déposer sur ce fil : http://www.10qt.net/index.php/topic,4905.0.html, en te citant, bien sûr, toi et ton blog.

Si c'est non, pas grave, je le garderai pour moi ... avec tes lecteurs habituels.

4/8/05 4:02 PM  
Blogger tirui a écrit...

ça n'a pas grand chose à voir mais je me suis marré tout seul en imaginant les rombières amatrices de réunions tupperware, arrivées ici grâce à google et une précédente note, en train de lire ce texte et se demandant un peu ahuries si c'était une recette pour les fraises et les cerises, ta note.

4/8/05 7:00 PM  
Blogger Ally a écrit...

Oula j'viens de regarder une épisode de The L Word (série plutôt osée..) puis après je tombe sur ton texte !!! Fait trop chaud dans cette putain de chambre !!! :D

4/8/05 9:19 PM  
Anonymous Anonyme a écrit...

Hum, cette note me rappelle la fois ou j'avais grignoté des fruits rouges déposés sur le corps de fiancée... bon, ben...
Je suis pas Catherine Millet hein !
:-)

5/8/05 3:15 PM  
Blogger Gary a écrit...

I can't read french :( but those are nice pictures!

6/8/05 2:34 AM  
Anonymous Anonyme a écrit...

Et je bosse comment maintenant hein ?

(comment ça, je ne bossais pas et je lisais les notes en retard ?)

12/8/05 11:26 AM  

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