21.6.05

Highway to hell.

(cigarettes, café, eau minérale)

Ça faisait trois jours qu'on était rentrés et la fête qui se préparait m'excitait comme une puce qu'on aurait plongée du matin jusqu'au soir dans un bain d'euphorie Et j'avais beau m'efforcer de vivre ça en gardant les yeux ouverts tiens macache Finalement on avait réglé les choses au minimum mariage-intimité-alliances et baiser devant Monsieur le Maire on rejoindrait ensuite nos invités à la ferme où on débarquerait un sourire aussi grand que les portes d'une cathédrale aux lèvres hé hé c'est fait les amis Je me réveillais en me disant des trucs comme aujourd'hui je change l'étiquette sur la boîte aux lettres ou alors dis chéri pourquoi on n'achèterait pas une maison sur la plage l'an prochain Bref ce genre de délires et des milliers d'autres choses j'en oublie certainement La veille on avait déposé des trucs chez Thierry je suis partie chez lui d'un pas guilleret je sifflotais en entrant dans l'appartement je chantonnais en rangeant sa cuisine et en aérant le salon comment vous dire Je me sentais forte et invincible voilà
(,.,,!,;,,,.:,,:,?,.,,,?,.)

je suis entrée dans la chambre, béa était étendue sur le lit mais de dos je ne l'ai pas reconnue ; j'ai refermé la porte, tiens thierry a une nouvelle copine j'ai ricané, et j'ai rouvert aussitôt – de toute façon avec le bruit que je venais de faire c'était impossible de pas l'avoir réveillée. je me suis approchée et alors j'ai vu que c'était elle : c'est drôle mais, l'espace d'un éclair, voir béatrice allongée comme ça en travers du lit de thierry m'a plutôt réjouie. l'histoire se mordait drôlement la queue je trouvais.
(J, B, T, J, B, T, L)

Le plus dingue, qu'on s'était aperçues à une fête trois semaines plus tôt elle et moi : un sacré choc. avait coupé ses cheveux, veux dire : tout coupé, n’était plus la même, moi-même lui trouvais le regard vide là où naguère pétillaient, comme si s’était terni. était avec une bande de filles et de gars que ne connaissais que trop bien hélas, visiblement en grande discussion avec eux, à rire et parler fort. Et à la voir dans son état en train de boire et de fumer et vous passe le reste, étais tellement en colère que n'ai pas été lui dire, tiens Béa, tu sais que je me marie avec Franck dans un mois ?
(c'est, Elle, je, ce, je, deux grands yeux, son éclat, Elle, je, je, j', je)

Et puis bien sûr il y a la fin, le plus mauvais moment, le plus court aussi ; celui où je n'ai plus cru du tout à une blague, et où je l'ai secouée, doucement d'abord, eh Béa ça suffit maintenant, réveille-toi, puis de plus en plus fort, arrête tes bêtises je criais, arrête tes bêtises, j'ai essayé de lui prendre le pouls mais je ne sentais rien, je lui tapotais les joues mais elle ne bougeait pas, à la fin je la giflais et elle ne bougeait toujours pas ; alors j’ai couru jusqu'aux cabines téléphoniques mais elles étaient en panne, je suis entrée dans un café prévenir un docteur, et comme je ne savais pas qui appeler j’ai appelé notre médecin de famille, un vieux docteur tout bougon qui nous soignait mes sœurs et moi depuis des années, le docteur F., qui est arrivé au bout d’un temps interminable, j'attendais sur le trottoir pendant que des tas de gens que je ne connaissais pas et un autre docteur entraient à leur tour dans l’appartement, lui n’est resté qu’un instant à discuter avec son collègue, il a dit c’est grave petite, c'est grave, quand j'étais gamine il me faisait un peu peur ce docteur, c'était toujours une punition d'aller passer la visite chez lui, mais là je lui ai sauté au visage, il y avait de plus en plus de monde devant l'immeuble de Thierry, j’ai hurlé l’hôpital il faut l’emmener à l’hôpital, vous ne comprenez pas bordel de merde, l'hôpital je vous dis, les gendarmes sont arrivés et ils ont mis les gens dehors, puis les pompiers ont débarqué et ils ont installé Béa sur une civière qu'ils ont montée dans leur camion, j'allais partir avec eux mais Franck était là avec Thierry, on a foncé à l'hôpital sur les motos et commencé d'attendre, quand mes parents sont arrivés je les ai vus venir de loin, tout au bout du long couloir, le pas fatigué tous les deux et Christine devant eux, je me suis levée et j'ai couru vers eux, et le reste s’est perdu dans un long sanglot




(photos X)

11 PETIT(S) COMPRIMÉ(S):

Blogger Ally a écrit...

Encore ce choix de la chanson, si approprié...Mais serieux, comment t'arrives à l'écrire tout ça ? Gros bisous !

21/6/05 9:55 PM  
Anonymous Anonyme a écrit...

C'est donc ainsi que cela s'est passé.

Cette chose innommable.
Signes de ponctuation qui dessinent ce moment.
Victor Hugo, à la date de la mort de sa fille, laissant pour seule trace une ligne de points traversant la page.
Et même cette ligne, il faut beaucoup de temps avant de pouvoir la tracer.

je t'embrasse Anitta.

21/6/05 11:07 PM  
Anonymous Anonyme a écrit...

Pas de mots intelligents pour te dire quelque chose de doux.

Que des mots stupides, vidés de leur sens, convenus.

Juste essayer de te faire passer ce grand élan du coeur qui me donne envie de te serrer dans mes bras.

Je t'embrasse.

22/6/05 9:03 AM  
Blogger Maurice a écrit...

Je suis revenu, j'ai vu et j'ai lu. Laisses tomber la cigarette, et vite. Maurice sait ce qu'il dit.

22/6/05 1:48 PM  
Anonymous Anonyme a écrit...

Rien à dire,trop difficile de m'exprimer,mais j'ai lu.

22/6/05 3:58 PM  
Anonymous Anonyme a écrit...

et les larmes me sont venues à la lecture plus qu'absorbante de ce texte

22/6/05 4:31 PM  
Anonymous Anonyme a écrit...

je crois que la mienne de soeur, danse peut-être avec la tienne, et qu'elles se souviennent en souriant des tartes qu'on leur a mises ce jour-là, ultimes gestes d'amour pour elles.
Moi je t'embrasse.

22/6/05 7:28 PM  
Anonymous Anonyme a écrit...

ah oui les chatouilles... et les mûres qui nous coloraient les doigts et la bouche, on grimpait les talus pour la cueillette, imaginant déjà l'odeur du four qui cuirait la tarte... on rentrait finalement avec trois mûres dans notre boîte et les ventres repus !

Avant que je ne traverse la planète, on l'aura bue cette bière
virtuelle ;-)

22/6/05 10:49 PM  
Anonymous Anonyme a écrit...

pfffou, Anitta...
deux notes de retard... et justement ces deux là...
pffou...
ça a dû être quelque chose de les écrire...
Je pense beaucoup à toi. À tout ça.
Baisers, moi non plus je n'ai pas de mots appropriés.

22/6/05 11:41 PM  
Anonymous Anonyme a écrit...

Je dois avoir un sixième sens, cela fait plusieurs jour que je vois tes notes et que je ne les lis pas. Et puis ce matin, je me suis dit : il est temps, allons.
Et les larmes n'y pourront rien changer.

Je t'embrasse

27/6/05 12:59 PM  
Anonymous Anonyme a écrit...

moi aussi je viens de tout lire d'un coup ('fin, jusqu'ici) ...
et le seul truc qui me vienne à l'esprit c'est (après avoir admiré tes choix de titres) de t'envoyer un ... nan j'déconne, tout plein de bisous !!

28/6/05 1:42 PM  

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