26.6.05

The show must go on.

(Potjevleesch, salade verte, rosé de Touraine)

Je ne suis pas restée longtemps les bras le long du corps. L'aurais-je d'ailleurs voulu que… Je me suis mise à l'accordéon (inutile de dire que je fus bien peu récompensée de mes efforts. Bon sang, où était passé ce brave Monsieur C. ?). Il s'est passé un drôle de truc aussi à cette période : subitement, je n'ai plus été capable d'ouvrir un livre. Y avait-il un rapport ? Je l'ignore. Toujours est-il que pour combler ma soif de m'étourdir, je me suis mise à lire le journal. Libé. Tous les jours. Avec frénésie. De la une à la dernière page. Sans rien manquer de sujets auxquels je ne connaissais rien, mais alors, rien du tout : l'économie, la politique internationale, le sport, les faits divers. Bizarrement, il n'y avait que dans l'actualité que je trouvais mon compte de nouvelles.

Tu avais beau avoir le sentiment que la vie te filait dans les doigts, tu te surprenais à rire, de nouveau. Des amis t'entouraient, et la ronde de la vie te donnait des couleurs ; à ton tour tu t'occupais d'eux. Chaque fois que tu le voyais, tu poussais Thierry à cesser de boire (pas complètement non plus, le bougre partait de trop loin). Il y avait d'autres personnes avec lesquelles tu sympathisais : les collègues de Franck, qui deviendraient plus tard les tiens. Quant à ton ex-futur mari, il était pareil à lui-même : calme et placide – quelqu'un sur qui tu savais pouvoir compter. Et, parmi ceux qui faisaient cercle et comptaient pour toi, il y avait maintenant ton père, à qui tu as présenté Franck.

Il l'a accueilli avec respect. Moi, j'en étais toute chose, frappée de constater combien finalement ils se ressemblaient ; même force de caractère, même goût de la révolte devant les injustices, même envie d'emmener le monde derrière eux ; Franck avec peut-être davantage d'impulsivité, et mon père davantage d'expérience. Il avait bien changé – ou était-ce mon regard sur lui ? Il était plus fragile d'aspect, ses traits étaient plus marqués. Lui le militant de longue date, encarté à 16 ans, ne s'enflammait plus à la moindre occasion, et ne donnait plus l'impression d'être en permanence sur une estrade. Il ne rentrait plus à point d'heure de ses réunions de cellule. Mais, même vieilli, il était toujours cet homme autoritaire que j'avais cru pouvoir fuir : mon père, quoi, avec ses qualités et ses défauts. Parfois, quand on se prenait à dire des bêtises avec ma mère (sur les hommes, la politique, etc.) je le voyais se hérisser, son cou se serrait, puis brusquement s'affaissait, et un fin sourire apparaissait alors sur ses lèvres.

Nous avons multiplié les repas de famille. Tout devenait prétexte à se rassembler. Un pique-nique sur la plage, un déjeuner avant une ballade à moto, un souper au retour. Tous les quatre (au début Thierry se joignait à nous, mais ce n'était pas vraiment une bonne idée), nous avons reporté notre attention sur Christine. Qui n'a jamais si bien incarné qu'à ce moment-là son surnom de huitième merveille du monde que lui avait décerné Béa. Nous n'en avions plus que pour elle, et moi la première : et que je te vise chaque semaine son carnet de notes, et que je te relise ses compositions françaises (elle était douée), et que, hmmm, j'appelle ma mère au secours pour ses devoirs de maths…

Vous avez retrouvé peu à peu le goût des échanges, parfois un peu vifs. C'étaient des discussions d'adultes, maintenant, de celles où vous n'hésitiez pas à vous engueuler (différence de caractères, de l'eau avait coulé sous les ponts, rien n'était comme avant). Et vous vous êtes aperçus, tous, avec stupeur, que dans les débats les plus animés la petite dernière ne donnait pas sa part au chat. Qu'en plus d'être une casse-cou risquant sa vie dans les courses de char à voile et une élève parmi les premières de sa classe, elle ne se laissait pas marcher sur les pieds. Le choc ! Sans parler de sa ressemblance avec Béatrice, surtout quand elle se lançait dans un concours de grimaces pour lequel il n'y avait jamais besoin de la pousser longtemps…

Ils ont patiemment réappris à vivre, sans elle, ensemble. Cela dit, avaient-ils vraiment le choix ? Dans son berceau posé sur un coin de table, une nouvelle venue était là, impatiente et d'une énergie folle, qui exigeait avec force cris et pleurs qu'on s'occupe aussi d'elle. Non, il n'était plus l'heure de se lamenter. La vie reprenait peu à peu son cours, et toi, tu apprenais le dur métier d'être mère (ma pauvre, t'avais pas fini d'en baver, hi hi hi).



(photos X)

3 PETIT(S) COMPRIMÉ(S):

Anonymous Anonyme a écrit...

Alors là, le bébé, il est comment dire... tqrn slrkf qskef moignon tout plein je fonds. fautpas me faire des coups comme ça. Je vais pas réussir à pm'en remettre...

27/6/05 1:12 PM  
Anonymous Anonyme a écrit...

Je bois ta note, mais de là à accepter que tu lises les sports dans Libé !
Et L'équipe, ça sert à quoi ?
J'te jure, y'en a des fois !

28/6/05 2:35 PM  
Blogger Maurice a écrit...

Oui, moi le Potjevleesch c'est plutôt avec de la bière ! ... et la vie finit toujours par reprendre le dessus. Cela fera bientôt 1 an que je n'ai pas ouvert un livre.

29/6/05 12:28 AM  

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