3.7.05

London calling.

Vous savez quoi ? Londres est une ville réellement épatante. De toutes les capitales que je connaisse, c'est sans nul doute la plus fascinante. Tiens, si ça ne tenait qu’à moi, j’aurais postulé là-bas depuis longtemps.
Hello, London Electricity calling. Hi, my name is Anitta. Please hold the line, I will see what can I do for you. Excuse me, do you know our new contracts ? For only thirty pounds a month, do you know that you can

Surtout, n’allez pas vous figurer que j'y vais chaque week-end un carnet de chèques à la main. Il se trouve que j’ai de la famille là-bas ; ça aide. Ne croyez pas non plus que je connais la ville comme l’intérieur de mon sac à main. Il est bien des endroits que j’ignore ; parmi eux, mon grand regret c’est la maison de Sherlock Holmes.

Les Covent-Buckingham-Piccadilly et consorts, les parcs et les musées – on les a faits. Mais le 221 Baker Street, jamais. Hasard ou malédiction, c’est toujours cette visite qu’on a reportée faute de temps. Rapport à ces livres que je dévorais gamine, j’aurais bien aimé pourtant. Ce parfum de mystère…


Avec Christine j'avais bien négocié ma petite affaire. D'accord pour ta rave, j'avais dit, mais à condition de faire une étape avant. Une seule étape, une toute petite petite étape. Camden Town. Plus exactement : le marché de Camden Town. Autrement dit : the cavern of Ali the Baba. C'est complètement bobo, je sais, mais là-bas je plonge dans les échoppes comme Onc' Picsou sur son tas d’or. Swinging London !

Las. A cause d'une saleté de train en retard, on arrive sur le coup de midi. C’est trop tard : on ne va rien trouver. De dépit, j’achète deux babioles, histoire de pas rentrer bredouille. On grignote quelques nems chez le Chinois près de l'entrée, et on allait quitter à regret la vaste esplanade quand mon regard tombe sur cette lampe posée sur une table.

C’est une petite lampe toute en dorures torsadées, qui ressemble à une torche époque gréco-romaine, recouverte d’un capuchon dans les tons marron. Ok, décrite comme ça, elle paraît peut-être un peu banale, mais faites-moi confiance : elle est très belle.

Et puis dans l'appartement elle fera très bien.

Seulement, elle n’est pas à vendre. Le patron m’explique qu’il l’a trouvée le matin même et que je peux repasser vu que c’est sa plus belle acquisition de la journée. Et patati, et patata… Bon, je vous épargne les affres du marchandage : au final, j’ai dû la récupérer au triple du prix auquel il l’avait payée. Quand il s’agit de faire des affaires, on peut toujours compter sur moi, hé hé...

On a repris des forces chez une vieille tante, où on a remangé un morceau, et ensuite, eh bien… A l’abordaaaaaage !

Christine m’a d'abord conduite dans une de ces boîtes de nuit où l’on passe de la musique électronique A FOND LES BALLONS. Pour entrer, il fallait descendre par une échelle dans un trou pas plus large qu'une bouche d’égoût, longer un couloir résonnant d'échos assourdis, écarter de lourds rideaux de velours et frapper à une énorme porte en fer. Bonjour !

Une fois à l’intérieur, vous aviez le choix : si vous n’étiez pas tout de suite assommée par la musique, la foule des danseurs s’en chargeait.

Une foule éparse, cheveux à crêtes et coupes au bol, mini-jupes et bottes montantes, bracelets de cuir et chevalières en or ; une foule étrange, yeux hagards et mines défaites, rictus crispés et gouttes de sueur – garçons ou filles, le genre qui vous fait s'enfuir à toutes jambes si vous les croisez dans la rue.

Etaient-ce la bière, le bruit – pardon : la musique, les gens autour de moi ? Au bout d’une heure je n'en pouvais plus. C'était à se demander comment faisait le Dj : certaines chansons (?) étaient littéralement effrayantes, mêlaient sirènes de port et crissements de pneus, hurlements à vous glacer l'échine et petits bouts de phrases incompréhensibles, psalmodiés par strophes entières ; et une foule enchantée poussait alors des gémissements de joie avant d'aller s'agglutiner sur la piste.

Tout ça a duré très longtemps, avant que je ne retrouve enfin mon calme, confortablement assise sur la banquette arrière de la voiture de mon cousin. A ma demande, il a coupé son auto-radio.

Combien de temps on a roulé ? Je n’en sais rien. Tout ce que je sais, c'est que le jour était loin d’être levé quand on est arrivé.

Tenez-vous le pour dit : une rave-party, c’est un rassemblement de chiens. En soi, la musique n’a rien d’extraordinaire : ce ne sont que des basses fréquences trafiquées, poussées à fond, répétées ad libidum et nauseam. Le public ? Des gens comme vous et moi – si vous aimez le kaki et appréciez les piercings.

Je vous l'accorde : accolés en petites grappes humaines devant la quinzaine de camions qui déversent leur cargaison de décibels, ils développent peut-être une fâcheuse propension à plisser le cou, s'engoncer dans leur capuche et sautiller sur place. Mais pour le reste… Des gens parfaitement normaux, je le redis. A cent lieues des clichés et des peurs qu'on répand à l'envi dans la presse.

Passons. Moi, ce qui m’a bouleversée, ce sont les chiens : vous ne pouviez pas vous asseoir quelque part sans qu’automatiquement il s’en trouve un qui vienne vous renifler les aisselles – enfin, surtout les miennes. Ce n'était pas une rave : c’était une exposition canine.

Christine et moi, on est allées se poser vers les tentes plantées au bord du champ : un vrai Village de la Désolation.

Au bas mot, trois cents personnes sont allongées là ; visiblement elles sont dans le même état que moi. Un truc a dû les chiffonner dans la soirée et elles essaient de s’en remettre. Seulement, elles font ça à l’eau minérale quand je donnerais tout pour un café. Et partout – des chiens. Des petits, des gros, des noirs, des blancs, des baveux, des méchants.

On dirait que je les attire. C’est un cauchemar : ils sont bientôt tous autour de moi. Ça fait beaucoup rire Christine, qui ne m'a pas attendue pour sympathiser avec quelques valeureux indigènes.

Et ce qui devait arriver finit par arriver : profitant que je l'ai posée par terre, un chien se jette sur ma lampe, la prend dans sa gueule, se dégage prestement, puis coupe à travers la rivière qui borde le champ et va se réfugier sur l’autre rive.


Ma lampe !




(photos X)

5 PETIT(S) COMPRIMÉ(S):

Anonymous Anonyme a écrit...

Adepte du kaki et des piercings, j'aime pourtant pas les raves, exclusivement à cause de la ziq... mais les villages de désolation remplis de tantes, de chiens et de créteux, ça me rappelle étrangement des tas de festoches rocks.
Quant à Camden, j'y ai trouvé un sympa petit sac militaire l'été dernier, mais j'avais mangé marocain, héhé :)

4/7/05 2:18 AM  
Blogger tirui a écrit...

et la lampe d'Aladin, qu'est-ce qu'elle est devenue ?
lara croft a traversé à la nage sans se mouiller et fait éjecter la lampe des machoires du fauve avec les dents (du fauve) d'un coup de bottes (de lara croft) ?

4/7/05 3:18 PM  
Anonymous Anonyme a écrit...

En fait l'angleterre c'est une île ou les animaux domestiques acceptent de partager un peu de leur espace avec des humains (à condition qu'ils deviennent britanniques). Jamais vu un peuple plus gateux devant les 30 millions d'amis que celui là !

4/7/05 5:32 PM  
Anonymous Anonyme a écrit...

ça me parait très clair, tu ne devrais pas t'adonner aux cigarettes qui font rire avant de visiter une SPA !

4/7/05 7:40 PM  
Anonymous Anonyme a écrit...

J'étais trè intéressée par ton reportage, quand tout-à coup, je fus surprise par...la chute!!!
Je ne m'y attendais vraiment pas!!!:-)

4/7/05 11:36 PM  

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