Personne n'en parlera.
– Et maintenant, s'écria Thierry Ardisson… J'accueille Anitta !
Et c'est ainsi, sous un déluge d'applaudissements, de musique hip-hop et de clameurs diverses, que j'ai fait mon entrée sur le plateau de Tout le monde en parle.
– Alors… Vous vous appelez Anitta, poursuivit l'Homme en noir tandis que je grimpais sur mon tabouret. Vous avez 42 ans et…
– Anitta comment ? coupa Laurent Baffie.
– Ben justement, répondit Ardisson d'un air grave. On ne sait pas ! Enfin, moi je le sais, mais… Je ne le dirai pas !
– Merci Thierry, j'ai dit. Je suis dans l'annuaire, j'ai confié à Baffie. Vous n'avez qu'à chercher !
Le public éclata de rire.
– Vous vous appelez Anitta, reprit le maître de cérémonie, vous avez 42 ans, et vous publiez aux éditions Blogger™ un ouvrage intitulé Un petit cachet pour s'endormir, et ça donne ÇA !
La musique retentit, une caméra zooma sur mon livre, pendant que je tentais vainement de trouver une position plus confortable. Ce qui me dérangeait un peu, sur cette couverture, c'est que le nom de l'éditeur était écrit plus gros que le titre, mais bon. Déjà qu'ils avaient changé mon titre, alors…
– Vous voulez que je fasse le pitch ? proposa Ardisson.
– Si vous voulez, j'ai murmuré.
– Eh bien ce livre, c'est l'histoire de votre vie, tout simplement. Vous racontez que vous êtes née le 5 février 62 à Fort-Synthe, dans le Nord, et après de courtes études qui, dîtes-vous, vous ont donné l'amour du cinéma – vous avez été chroniqueuse à la radio, d'ailleurs…
– Un temps seulement, j'ai corrigé.
– L'amour du cinéma et, précisez-vous, de la littérature – surtout des écrivains américains… Intéressant, ça !
– Question d'horizons, j'ai précisé.
– Vous racontez aussi que, comme vous n'aviez aucun diplôme, vous avez commencé votre parcours professionnel comme aide-comptable au garage Citroën du boulevard Roger Salengro. Ah, je trouve ça extraordinaire. Rends-toi compte Laurent, Anitta a été aide-comptable chez Citroën !
– Un temps seulement, j'ai redit.
– C'est là que t'as appris à t'habiller avec un pneu ? a fait Baffie.
La robe en latex, c'était une idée de Sylvie. Me promettant de lui dire deux mots à mon retour, je rougis violemment.
Le public éclata de rire.
– Heureusement, reprit Ardisson, vous n'y restez pas longtemps, et le 2 octobre 199., vous entrez dans un grand service public…
– C'est captivant, a dit Baffie. Mais là, on vient de perdre 200.000 téléspectateurs ! Y-a pas une histoire de cul, dans ton bouquin ?
– Ce qu'il faut dire aux téléspectateurs de France2, nota Ardisson, c'est qu'Anitta est une farouche partisane du service public…
– C'est vrai, j'ai dit. C'est une chose en laquelle je crois.
– Comme moi, fit suavement remarquer l'Homme en noir.
– Et vlan ! Encore 100.000 qui viennent de s'barrer sur TF1 !
Le public éclata de rire.
– Malheureusement, reprit l'animateur, ça ne va pas tout à fait se passer comme vous l'escomptiez, et après un tas de mésaventures, le 8 janvier 200. vous êtes mise en arrêt maladie.
– C'est ça, oui, j'ai acquiescé.
A ces mots, Thierry A. se figea.
– Vous savez que je vous trouve très mignonne ? glissa-t-il. C'est dommage que vous viviez avec Franck ! Il s'appelle bien Franck votre mari, hein ?
C'était extraordinaire.
– Mais comment vous savez ça Thierry ? j'ai demandé.
– Ah moi je sais tout. Même les choses qui sont pas marquées dans votre livre ! Il est là, Franck ? Il est en coulisses ?
– Non, il pouvait pas… Il est d'astreinte, aujourd'hui.
– Vingt ans que ça dure, tout de même… Vous en avez pas marre ?
Le public éclata de rire.
– Non, pas du tout, j'ai répondu.
– Thierry, du cul, du cul, a pressé Baffie. Pense à l'Audimat !
Le public éclata de rire.
– On y vient, tu vas voir. Et alors, c'est au moment où vous êtes malade… Ha ha ! Réalise ça Laurent, la nana elle est chez elle, elle est malade, donc elle bouge pas, enfin presque pas, et il se met à lui arriver plein de trucs, pire que si elle était restée au boulot !
– Un peu comme toi quand tu vas au bistrot ! a rétorqué l'autre.
Le public éclata de rire.
– Alors comme je disais, il vous arrive plein de trucs, et votre livre est rempli de ces aventures du quotidien, selon votre formule – que je trouve très jolie. Vous l'avez empruntée à Proust, non ?
– A qui ? a demandé Baffie.
Le public éclata de rire.
– La scène la plus émouvante, évidemment, c'est la disparition de votre sœur cadette. "Pendant longtemps", écrivez-vous, "le mot suicide a été banni de mon vocabulaire". C'est beau, ça, non ?
– Je ne sais pas, Thierry… j'ai répondu.
– Une disparition qui sera suivie, dix ans plus tard, par celle de vos parents, dans des circonstances assez tragiques… Ils sont morts dans un accident de voiture, n'est-ce pas ?
Ce n'est pas le moment que j'ai préféré dans l'émission. Je n'ai pas répondu, Baffie n'a rien ajouté, et le public n'a pas éclaté de rire.
– Mais la scène la plus drôle bien sûr, c'est ce réveillon en Belgique avec Christine, votre deuxième sœur. Impayable !
– Et la scène la plus chaude, affirma L. Baffie, c'est son gang-bang avec les participants du Carnaval !
Le public éclata de rire.
Devant la tête que je faisais, Ardisson me fit un signe du regard.
– Désolée, j'ai dit. Je ne sais pas ce que c'est, un gang-bang…
– Ben on va te montrer, après l'émission ! répliqua Laurent B.
Le public éclata de rire.
– Enfin voilà, c'est un bouquin formidable, on y apprend plein de choses sur la vie, les hommes, les femmes, et c'est à paraître aux éditions Blogger™. Ça va, j'ai bien fait le pitch ?
– Oui, j'ai bien aimé.
– Au fait, comment vont Thierry et Sylvie ?
– Eh ben, bien, je suppose…
– Bon alors, ils vont se mettre ensemble, ou non ? grinça Baffie.
– Oh non, faut pas le dire, protesta Ardisson.
– Vous n'avez qu'à lire le livre ! j'ai dit.
Le public éclata de rire.
– Alors, comme ça fait vingt ans que vous êtes avec Franck… Ah moi j'ai vraiment du mal à réaliser ça !
– Jamais une petite fellation ailleurs ? a demandé qui vous savez.
– Je vous ai concocté une interview Par amour ! Vous êtes prête ? Ah, plus je vous regarde, plus je me dis que Franck a de la chance !
– Je suis prête Thierry.
– Est-ce que par amour vous seriez prête à renoncer à l'ADSL ?
J'ai hoché la tête.
– Oui, j'ai répondu.
– Est-ce que par amour vous seriez prête à renoncer aux forums de discussions ?
J'ai fermé les yeux.
– Oui, j'ai fait.
– Est-ce que par amour vous seriez prête à renoncer à votre blog ?
Je n'ai même pas réfléchi.
– Ah non, alors là… Pas question !
Il se mit à crier.
– Attention Anitta voici La Question qui tue !
Un énorme coup de tonnerre résonna dans le studio, et toutes les lumières s'éteignirent ; il ne resta bientôt plus qu'un halo blanc sur mon visage.
– Anitta.
– Oui, j'ai souri, un peu fébrile.
– Est-ce que bloguer c'est tromper ?
– Pfff… j'ai dit. Bien sûr que non !
Il se remit à crier.
– On rallume !
– Oui, je l'avais bien aimée dans Karnaval, et…
– Comment Catherine ? Orlando exige le clip ? Anitta, vous savez comment ça se passe ? Vous regardez la caméra avec le bouton rouge et vous dîtes : "Magnéto, Serge !" Vous êtes prête ?
– Magnéto Serge, j'ai dit.
– Loupé, a dit Baffie.
– Magnéto, Serge ! j'ai refait.
– Non, vous n'avez pas regardé la bonne caméra. Refaites-là !
– Magnoté Serge ! Euh…
– Eh ben on n'est pas sortis de l'auberge, a lancé Baffie.
– Anitta, regardez-moi bien. Ma-gné-to-Ser-ge. Allez-y !
– Magnéto, euh… Serge ! Magnéto Srege ! Magnéto Sergio ! Non attendez, je la refais !
Je me suis mise à hurler :
– MAGNÉTO SERGE ! MAGNÉTO SERGE !
– Mais qu'est-ce qui t'arrive ? m'a fait Franck en me saisissant le bras. Arrête de crier comme ça, tu vas réveiller tout le quartier ! Tu veux nous fâcher avec les voisins ou quoi ?
(photos X)…
5 PETIT(S) COMPRIMÉ(S):
Mdr !!!
j'adorrrre!!!
excellent!!!!
tgtg
http://users.skynet.be/tgtg/
"J'adore ce que vous faites"
Oui, c'est un peu surfait comme premier commentaire mais il faut bien commencer par quelque chose.
*honte*
Merci de nous offrir ces perles de textes.
Barnabé
www.barnabe.canalblog.com
Très très drôle!;o)
Puisqu'on peut continuer, j'en profite: j'adore, j'adore! Merci de me faire rire et sourire et bravo et continue surtout!
jujuly
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